Les taupes sont des animaux farouchement solitaires : chaque individu vit dans son réseau de galeries (à peu près 250m) qui couvre un territoire de 500 à 2000 m2, suivant la richesse du sol en vers (les prairies pâturées et les forêts de feuillus sont les lotissements les plus recherchés). Mais, malgré tous les progrès de l’informatique, la reproduction virtuelle n’existe pas encore et il faut bien surmonter pour un temps son dégoût de l’autre. Le mâle va donc répondre à l’appel (la taupe, si elle est à moitié aveugle – à quoi lui servirait une bonne vue dans ses galeries ? – est par contre extrêmement sensible aux vibrations) de la femelle ; appel pressant s’il en est : la dame impatiente n’est réceptive que pendant 30h, vers fin février. Il s’agit donc de se grouiller et de foncer (sous terre) en ligne droite vers le domaine de la belle. Le forfait accompli, on rentre immédiatement chez soi.
Les 4 bébés taupes grandissent très vite et, début juin, la mère les fiche dehors. Ils partent alors – en surface - à la recherche d’un logement existant et rendu libre par le décès de son occupant. C’est la période la plus dangereuse de leur existence, et peu y survivent.
La taupe est un animal protégé dans plusieurs pays, dont l’Allemagne. Il est utile par l’aération de la terre qu’il effectue à grande échelle. Des graines enterrées depuis des dizaines d’années ont soudain la chance de germer au sommet des taupinières. Faire appel à un taupier pour se débarrasser de cet animal gênant est non seulement anti écologique, mais aussi tout-à-fait inutile et temporaire : un réseau de galeries inoccupé attirera un nouveau locataire à la génération suivante. Il n’y a pas de sot métier, mais il y a de sots clients.