Le second semble prendre le pas sur le rat noir mais tous deux sont arrivés chez nous relativement tardivement (probablement XIIème siècle pour le rat noir et XVIIIème pour le brun) amenés par les marchands. Ce mode d’expansion leur à permis d’étendre leurs aires de répartition sur toutes les zones habitées par l’homme (à peu près partout donc). Si bien que des chercheurs utilisent leur expansion (avec celle de la souris et du moineau) pour mieux percevoir les évolutions à grande échelle des courants commerciaux (Jean-Denis VIGNE, CNRS, 1994).
Le rat noir serait originaire d’Inde et le rat gris, d’Extrême Orient (entre la mer Caspienne et le nord de la Chine jusqu’au Japon). Les rats sont omnivores (ils mangent de tout : graines de céréales, légumes, fruits, viandes, limaces, insectes…), sont extrêmement prolifiques (avec pour le rat gris, une maturité sexuelle à 60 jours, 6 à 12 petits par portée et jusqu'à 7 portées par an et une durée de vie moyenne de 3 ans dans la nature et jusqu'à 8 ans en captivité). Ils sont très adaptables, opportunistes et apprécient la présence de l’homme qui leur procure (généralement à son corps défendant) la nourriture. Il n’y a pas de « saison des amours » chez le rat. Une femelle est en chaleur tous les quatre à cinq jours et laisse le mâle l’approcher durant 24 heures. La durée de gestation, chez le rat gris, est de 22 jours, les petits naissent aveugles et sans poil et pèsent 5 grammes, les codes sociaux sont acquis vers 5 à 6 semaines et le raton sera adulte vers la 9ème semaine. Il pèsera alors entre 200 gr et 500 gr, les mâles sont plus gros que les femelles.
Le rat gris sera plus « citadin » et apprécie les endroits humides (les égouts, les caves, les usines désaffectées), le rat noir les villages et les granges. Le comportement social est très élaboré, plus développé encore chez le rat gris qui est utilisé en laboratoire pour les études comportementales et les études en médecine mais peut être aussi un très agréable animal de compagnie. Les rats, toujours adaptables, nichent dans tous les espaces confinés (tiroirs, arrières de cloisons, intérieurs de vieux matelas, galeries qu’ils creusent dans le sol…. Ils y entassent des matériaux locaux et hétéroclites améliorant leur confort avec des morceaux grignotés de végétaux, de papier, de polystyrène, de plastique, de plumes… Ils y élèvent leurs petits et amassent des provisions.
Leur prédateur principal est, bien sûr, l’homme, ses pièges, ses poisons et ses chiens, mais en dehors de celui-ci, nos régions ne conservent plus beaucoup de grands prédateurs naturels capables d’en réguler la population, en dehors du renard roux et du rat lui-même…
Les rats n’hibernent pas mais s’engourdissent dans un sommeil leur permettant de ralentir leurs fonctions vitales et diminuer leurs dépenses d’énergie. Le rat voit mal, mais son odorat et son ouïe sont très développés et ses vibrisses lui permettent de se déplacer dans l’obscurité.
Inutile de tenter d’éviter les sujets qui fâchent, le rat véhicule de nombreuses maladies, il en souffre aussi bien sûr, mais surtout, de par sa constitution biologique proche, il les transmet à l’homme. Les épidémies de peste ont été véhiculées par le rats noir qui transportait les puces des peaux des petits mammifères importés par bateaux d’Extrême Orient pour la confection de vêtements au XIVème siècle. Il souille par ses déjections et son urine, les aliments stockés par l’homme et détruit ou rend impropre à la consommation quantité de réserves alimentaires. Enfin, il endommage les installations humaines en grignotant câbles et cloisons, en minant par ses galeries, les fondations d’immeubles… Mais contrairement à sa réputation, il s’agit d’un animal très propre, attentif à son hygiène corporelle il se lave plusieurs fois par jour (6 à 8x) et entretien son nid de manière exemplaire. La symbolique de cet animal est, par ailleurs, très positive en Asie.
Il est malaisé de définir son comportement en milieu purement naturel tant son comportement social, son alimentation, son évolution démographique et son expansion à travers le monde, sont liés à l’activité humaine. Les rats ne sont pas que des parasites pour l’homme, ils rendent de nombreux services, tant comme auxiliaires dans le retraitement des déchets et le désengorgement des stations d’épuration, que comme animaux de laboratoires ou ils sont devenus les témoins de quasi toutes les recherches. Et puis, comme tout être vivant, ils font partie de chaînes alimentaires. Leurs comportements sociaux sont particulièrement intéressants, organisant une hiérarchie entre dominants, dominés, autonomes et de souffres douleurs mis en évidence dans une expérience de Didier Desor « les rats plongeurs », à lire absolument.(http://fr.wikipedia.org/wiki/Rat_domestique#L.27exp.C3.A9rience_de_Didier_Desor)
On le voit, le rat est un animal fort décrié mais, un peu comme un miroir, il rend à l’humanité ce qu’il lui enlève.
Jean PARFAIT